Cappadoce, la féerique... un joyau de l'anatolie centrale sculpté par dame nature

   

Il y a trente millions d'annés, les volcans Erciyes (3916m) et Hasan Dag (3268m) ont déversés leurs cendres et leurs boues pour former une couche de pierre tendre : le tuf. Au fil du temps, les forces de la nature : l'érosition des eaux, le gel, le vent ont façonné un paysage lunaire au relief unique... Un tableau de maître aux teintes et aux formes infinies, fait d'aiguilles, de cônes, de cheminées de fées, de pains de sucre, de vallons, de ravins, de canyons, de grottes...

Au VI ème siècle de notre ère, les premiers chrétiens qui fuyaient les persécutions des romains s'installèrent en Cappadoce. Ils creusèrent des monastères et des églises rupestres dans les roches et les falaises et recouvrirent les murs de fresques richement décorées racontant la vie du Christ et de ses apôtres... un superbe témoignage de l'art byzantin.

Les hommes ont creusés la roche, créant refuges, habitations et villes souterraines donnant naissance à une véritable civilisation troglodytique. Ils ont construits d'innombrables pigeonniers afin de récolter la fiente et l'utiliser comme fertilisant pour leurs cultures.

C'est dans ce théatre à ciel ouvert, dans ce joyau de nature, dans ce petit espace délimité par ce triangle entre Avanos, Nevsehir et Urgup, de vallées en vallées, de villages en villages que s'est déroulé cette semaine de randonnée.

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La vallée d'Ihlara : Turquie---Vallee-Ihlara

De la vallée de Zémi à Ortahisar : Turquie---Cappadoce---Vallee-Amour

La vallée de Gömede : Turquie--Cappadoce---Vallee-Gomede

Les Vallées Rose et Rouge : Turquie---Cappadoce---Vallees-Rouge-et-Rose

La vallée des pigeonniers : Turquie---Cappadoce---Vallee-Pigeonniers

La vallée blanche et les villages de Uçhisar et de Cavusin (prononcer chaouchin) : Turquie---Cappadoce---Vallee-Blanche

Les cheminées de fées de Passabag : Turquie---Cappadoce---Cheminees-de-Fees

La traversée de la vallée d'Ihlara

Lien vers l'album photos : Turquie---Vallee-Ihlara

La vallée d'Ihlara est différente des autres paysages cappadociens. Ici, pas de cheminées de fées mais un canyon de 17 kms de long encaissé entre deux falaises.

Nous démarrons la randonnée en fin de journée au village de Selime, situé à l'entrée septentrionale de la vallée d'Ihlara. Après une rapide déambulation dans un dédale d'escaliers, de salles, de couloirs et de chapelles du monastère troglodytique creusé dans la montagne adossé au village, nous prenons la direction du canyon d'Ihlara.

Nous marchons aux pieds de hautes falaises rouges d'une centaine de mètres de hauteur.. un paysage grandiose, magnifié par la lumière du soleil couchant. Un amoncellement de lingots d'or semble se dresser devant nos yeux.

Le canyon creusé par la rivière Melendiz, abrite une végétation composée de mousses, d'oliviers et de nombreux peupliers.

Nous terminons notre balade au vilage de Belisirma à la tombée de la nuit.

Le lever du jour offre un très beau panorama sur le sommet enneigé du Hasan dag. Après un copieux petit déjeuner, nous reprenons la direction des gorges d'Ihlara en suivant la rivière Melendiz. La végétation est verdoyante. les nombreuses failles de la falaise abritent les vestiges d'habitations troglodytes.

Des chapelles creusées dans les parois du canyon jalonnent notre avancée. St Georges Church, Eski Baca Chrurch, Agaçli church, Pureliseki Church, Kokar Church , chaque arrêt est l'occasion d'admirer de magnifiques fresques colorées ... Toutes les scènes de la vie du Christ de la nativité à la crucifiction s'éparpillent ici et là sur les murs. Un spectacle grandiose, un musée à ciel ouvert.

Après cette très belle balade, nous prenons la direction du coeur de la cappadoce :

Après quelques passages de tunnels, nous approchons les premiers reliefs caractéristiques de cappadoce en pénétrant dans la vallée de l'Amour. Celle-ci doit son nom à ses gigantesques sculptures en forme de Phallus.. Impressionnant !!!

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Nous rejoignons en fin de journée le petit village authentique de Ortahisar accroché à son piton rocheux... Là, nous resterons deux nuits dans des hébergements troglodytes : une expérience unique !

La vallée de Gömede

Après un riche petit déjeuner chez Nazim où la vue est superbe, et quelques prises de vue du village d'Ortahisar, nous partons par la vallée de Gömede...

Nous pénétrons dans une vallée protégée par des hautes falaises percées de cavités. La roche accueille de nombreux pigeonniers : de véritables HLM pour volatiles.

La vallée s'élargit ensuite... Nous traversons une zone cultivée : Vignoble, amendiers, abricotiers et plantations de pommes de terre et de courges. De fortes rafales de vent se font maintenant ressentir, nous sommes heureux de trouver refuge chez l'habitant dans le village de Mustafapasa où nos hôtes nous ont préparés un authentique et délicieux repas turque.  Il nous faut faire violence pour quitter cet abri... Le temps s'est encore dégradé. Un vent très violent sévit maintenant et soulève des nuages de poussières. Le ciel est très chargé... on y voit plus grand chose et on a bien du mal à progresser face à la force d'Eole. Nous gagnons malgré tout la belle vallée de Pancarlik... De temps à autre, nous distinguons de belles formations colorées de blanc, d'ocre et de rose. Sur notre chemin, nous passons à proximité de Sarica kilese church et de Paul Arlik church, malheuresement toutes deux fermées... Le vent de sable n'arrête pas notre chevauchée... Nous aboutissons au monastère Hallaç. Sa chapelle construite dans le style byzantin est incommensurablement grande. Nous terminons la journée en remontant vers le village d'Ortahisar en passant devant le cimetière musulman et près des caves où sont conservés citrons, oranges, pommes de terre, oignons.

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Les vallées Rose et Rouge

Du village de Ortahisar, nous partons vers les mythiques vallées rose (Gülli Dre)  et rouge (Kizil çukur), sans nul doute, le plus bel ensemble de vallons de la région de cappadoce... L'apothéose de ce séjour de randonnée. La plus longue journée de marche également. Se promener dans ces vallées, c'est comme approcher un monde irréel composé de meringues bigarées. Les paysages et les couleurs changent à pas d'homme. La roche tendre est composée de saignées roses, rouges, blanches, vertes, jaunes ou grises, legs des différentes coulées de laves et des minerais projetés lors des éruptions volcaniques survenues au fil des siècles : minerai de fer, soufre calcaire...

L'occasion encore de pénétrer, au fil des sentiers, dans des églises creusées dans la roche. Nous marquons une premier arrêt à haçli Kilise (l'église de la croix) creusée dans un piton rocheux. Cette église doit son nom à la grande croix sculptée au plafond avec le christ et sa main qui bénit. Nous prenons un très bon jus d'orange pressé au bar qui jouxte le monument avant de poursuivre la route. Le sentier débonnaire traverse un paysage grandiose offrant un panorama à couper le souffle. Le ciel d'un bleu changeant apporte de jolis contrastes au tableau. Les déclencheurs des appareils réflex crépitent. Moustafa, qui me précède, rejoint un énorme bloc par une rampe aléatoire faite d'un arbre mort. Nous pénétrons dans ce qui me semble être un pigeonnier, mais à l'étage, nous attend une surprise de taille. Une haute église, sans fresque se cache ici : la Direkli kilise .... Ces gigantesques colonnes et sa voûte en berceau taillées dans la roche nous rappellent la Sagrada Familia de l'ingénieux architecte contemporain Gaudi. Un véritable enchantement !

Nous poursuivons la découverte de la vallée en pénétrant dans l'église aux raisins (Uzümlü kilise). Cette chapelle troglodyte présentent de jolies fresques ornées de grappes de raisins. Nous déjeunons dans une petite échoppe à proximité de la chapelle au milieu des vignes.

Après le repas, nous remontons sur le plateau pour entamer la dernière partie de la randonnée du jour. Nous empruntons un sentier à flanc de colline aux pieds de hautes falaises aux teintes rouges, roses, tachetées ici ou là de blanc et de jaune... Il me semble être tansporté dans une carte postale, une sorte de reproduction miniature des paysages des parcs de l'ouest américain tels que je les imagine.

Nous déboûchons ensuite sur une crête qui offre une très belle vue sur l'ancien village de çavusin (prononcer chaouchin) construit autour de deux massifs rocheux. Les habitations troglodytes n'ont été abandonnées que depuis quelques décénies. Au Vème siècle, ce village était un grand centre de pèlerinage dédié à Saint Jean-Baptiste comme en témoigne aujourd'hui sa basilique. Nous gagnons le nouveau village situé en contrebas pour y passer la nuit. 

Une très belle journée de marche dans un décor somptueux...

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La vallée des pigeonniers

Uçhisar : Nous commençons la journée par l'ascension du promontoire rocheux du village : la forteresse domine toute la cappadoce et nous offre une vue panoramique sur toutes les vallées délimitées par les villages d'Urgup, d'Avanos et de Nevsehir .

Nous descendons ensuite dans la vallée des pigeonniers (Güvercinlik)...

Nous devinons un ancien petit sentier qui passait sous quelques tunels. Le nouveau sentier très récent ressemble plus à une autoroute et manque de charme. Mustafa peine à retrouver quelques restes de l'ancien chemin.

De nombreux pigeonniers joliment décorés ornent les parois de tuf. Derrière Mustafa, j'entreprends l'escalade d'un site pour explorer l'intérieur sous l'oeil plus admiratif que grimpeur des mes acolytes de rando. Finalement Olivier et Paul nous rejoignent sous les acclamations su reste du groupe...

Par un canyon miniature, nous gagnons alors une gorge dont les parois semblent êtres protégées par des piliers massifs coiffés de chapeaux blancs. Nous musardons aux pieds des falaises champignons... L'esprit s'égare dans ce paysage irréel qui semble sortir d'un conte pour enfants... et nous devenons, au fil de nos pas, de petits

êtres au pays des fées. Alors les roches prennent des formes surprenantes, infinies au gré de notre imagination. Un être de pierre à la bouille joviale semble surpris de découvrir de si petits êtres fait de chair et d'os lui chatouiller les moustaches sans même un mot d'excuse... Lui qui vit là depuis des siècles,reste ahuri par tant d'impolitesse....

Nous descendons dans le fond de la vallée et poursuivons jusqu'à Göreme où nous déjeunons.

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La vallée blanche

Nous entrons dans la vallée blanche par une gorge relativement large dont les flancs sont constitués de falaises de différentes couches de tuf. Des cultures se nichent sur des petites terrasses abritées au pied de la falaise.

Des strates apparaissent nettement en couches successives. Quelques traces de soufre se mèlent à la couleur blanche dominante. La partie supérieure, plus résistante est arrondie par l'érosion et forme une belle coiffe. Nous voilà désormais projeté au pays des schtroumpfs... Gare à Gargamel et à son chat Azraël ! les sourcils du méchant sorcier ont été sculptés sur la falaise pour nous avertir du danger...  Nous passons près de son habitation au pas de course et débouchons sur une forêt de champignons géants, à moins qu'il faille plutôt y voir un bataillon de phallus aux formes diverses et généreuses comme semble l'indiquer notre guide. L'un d'entre eux, effilé et gigantesque est d'ailleurs troué à sa base. On peut y pénétrer et ressortir par une autre extrémité... Il faut faire le tour 3 fois de suite encourage Mustafa, pour celui ou celle qui a des problèmes d'infertilité. Un remède magique aux pays des contes de fées !

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La vallée de Pasabag : les cheminées de fées

Nous terminons notre semaine de randonnée en empruntant la vallée de Passabag : les vignes du seigneur, aussi appelée vallée des moines. Au milieu des vignes et des arbres fruitiers se dressent les plus belles demoiselles coiffées de Cappadoce. On les appelle "cheminées de fées". Leur forme conique quasi parfaite a forgé la légende selon laquelle des fées habiteraient à l'intérieur et jetteraient des sorts...

Ces grandes colonnes naturelles faites de roches friables sont coiffées en leur sommet d'une roche plus résistante constituée de basalte. C'est ce casque résistant qui protège et renforce toute la colonne. Qu'elles perdent la tête, il en sera fini de leurs corps...

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Pour conclure

La nature est un mystère... Elle forge des paysages plus insolites, plus irréels, plus beaux les uns que les autres... La cappadoce est l'un de ces joyaux sculpté par Dame Nature.. C'est un poème géologique qui encourage à s'enivrer encore et toujours plus de la beauté du monde.