
La côte d'Albâtre doit son nom à la blancheur de ses vertigineuses murailles de craies qui dégringolent jusqu'à la Manche. Forgée par Dame Nature, elle abrite, dans ses valleuses, des plages de galets qui roulent sous l'assaut des vagues et des petits villages où s'engouffre le vent.
Maupassant a d'ailleurs parfaitement décrit ces valleuses.
« La nature a fait ces vallées, les pluies d’orages les ont terminées par des ravins, entaillant ce qui restait de falaise, creusant jusqu’à la mer le lit des eaux qui sert de passage aux hommes. Quelquefois un village est blotti dans ces vallons, où s’engouffre le vent du large. »
Profitant d'un week-end de 3 jours au 15 Août, nous partons battre le littoral normand en pays de Caux. Nous comptons emprunter quelques portions du GR21 à mers-les-bains, le Tréport et Etretat en passant par le petit village de Veules-les-Roses.
Lien vers l'album Photos : Album Photos Côte d'Albâtre
Mers-les-Bains, Le Tréport
C'est au petit matin du premier jour (parce qu'une rando démarre toujours de bon matin) que nous commençons notre escapade normande.
Le front de mer de Mers-les-Bains près du restaurant Les Mouettes est totalement désert en cette heure matinale. Le ciel est très chargé sur la Manche mais toutes les prévisions météo vont dans le même sens. il devrait assurément tomber quelques gouttes, 0,2 à 0,5mm par heure, mais pas plus... pas de quoi, nous faire renoncer à une petite randonnée. Nous avons décidé de suivre le sentier du littoral en direction de Ault (GR21).

Nous empruntons la petite ruelle des matelots qui grimpe sur la falaise par un petit escalier en direction de l'église. Nous suivons les marques du GR qui nous mènent par l'intermédiaire des passe-clôtures d'un champ à un autre jusqu'au panorama de Notre Dame de la Falaise.
La pluie se met à tomber fort. Nous enfilons à la hâte nos k-way.
Le sentier suit la lisière du bois de Rompval et du bois de Cise mais reste très éloigné du bord des falaises pour des raisons de sécurité. Il n'y a d'ailleurs plus aucun point de vue accessible sur la côte. Nous sommes très déçus de ce parcours qui s'effectue finalement dans les champs d'autant que des trombes d'eau s'abattent maintenant sur nos têtes. Nous sommes détrempés et nous pataugeons dans la boue sur des sentiers très abruptes et très glissants à certains passages.
De multiples panneaux nous demandent de garder nos distances de sécurité avec le bord de la falaise. De l'humour sans doute. Vu notre éloignement, nous ne voyons même pas la mer. D'autres panneaux promettent même une morsure de serpents assurée au vilains contrevenants qui ne respecteraient pas les consignes de sécurité. Bref, on ne voit rien de la côte sur ce sentier et il pleut comme "vache qui pisse". Bravo Météo France :-)
On enjambe encore un passe-clotûre, puis encore un autre, pour entrer dans une autre prairie, nous enfonçant dans un sentier labouré... et la pluie redouble encore d'intensité. Nous sommes trempés jusqu'aux os. Nous pressons le pas pour atteindre la station d'Ault et en terminer avec ce sentier trop éloigné du littoral, sans grand intérêt et bien trop arrosé aujourd'hui.
Les rues du village d'Ault sont inondées. L'eau ruisselle sur les trottoir. Notre périple risque de se terminer à la nage.

Totalement détrempés, frigorifiés... Seraient-ce les vents et les marées qui ont déjoués à ce point les prévisions météo ?
Nous repérons un arrêt de bus près de l'église du village et coup de chance, 2 bus seulement rejoignent Mers-les-bains dans la journée et l'un d'entre eux passent ici dans un quart d'heure. C'est donc en bus que nous regagnons Mers-les-bains et notre voiture, toujours sous la pluie battante.
Nous prenons notre casse-croûte dans la bagnole. Ce n'est que vers 14h30 que la pluie cesse enfin et que petit à petit le soleil nous revient.
Nous profitons de l'accalmie et des doux rayons du soleil pour nous sécher en parcourant le front de mer de la petite station balnéaire de Mers-les-Bains (attention ! le s de Mers se prononce).
Quelles sont belles ces façades verticales colorées ! L'esplanade est remarquable. les villas bigarrées arborent de magnifiques bow-windows attestant de l'influence anglaise.
Ce spectacle architectural de toute beauté rattrape notre aventure pédestre matinale avortée. Nous sommes sous le charme de ces jolies habitations d'architecture Belle Epoque.



Nous continuons notre chemin jusqu'au Tréport.

Nous préférons les marches au funiculaire pour grimper en haut de la falaise. Un peu d'effort pour un joli panorama.

Nous déambulons jusqu'au soir. Nous dormons près du port de le Tréport.

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Veules-les-Roses
Nous rejoignons le lendemain matin le charmant village de Veules-les-Roses où nous flânons toute la matinée. Nous longeons le plus petit fleuve de France où l'eau ruisselle dans les roues des moulins.



Nous nous perdons dans ses petites ruelles, passons par les ruines de la petite église Saint Nicolas.Nous nous faufilons parmi les étales de son marché.


puis gagnons son front de mer et sa plage.



Nous gagnons Fécamp dans l'après midi. Nous rejoignons les hauteurs du Cap Fagnet et ses Blockhaus pour y admirer la vue sur les falaises de la côte d'Albâtre.


On voit Yport et même l'imposante Manneporte d'Etretat là-bas au loin.
Nous redescendons rejoindre le port et le front de mer de Fécamp où nous passons la nuit.

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Etretat, ses falaises Aval et Amont, sa valleuse d'Antifer et ses plages de galets
Nous terminons notre week-end, "cerise sur le gâteau", par le sentier du littoral, le sentier des douaniers des majestueuses falaises d'Etretat.
J'étais déjà venu à Etretat avec mes filles en 2011 et j'avais été conquis par ce bel écrin de nature. (article de l'époque : Les falaises d'Etretat en 2011) et je m'étais promis de le faire découvrir à ma belle et douce Noumie.
Nous arrivons de bonne heure (vers 8h) et nous garons sur le grand espace de stationnement (parking très décentré à environ 1,6kms du front de mer mais gratuit) situé 5 route de Criquetot.
En un quart d'heure, nous sommes sur la promenade le Perrey. Il est tôt, et nous sommes quasiment seuls. Mais je sais d'expérience, qu''ici, encore plus qu'ailleurs dès 10h, 10h30, la foule sera innombrable et qu'il faut, pour profiter de la beauté d'Etretat, commencer tôt à fouler son sentier des douaniers.
A notre droite, la falaise d'Amont dominée par sa petite chapelle Notre dame. Nous avons prévu de la rejoindre en tout début d'Après midi.

Pour l'heure, nous montons sur la falaise d'Aval, et empruntons le sentier qui longe le parcours de golf situé à notre gauche. Le sentier s'élève sur la falaise aux airs de mille-feuilles. La roche de calcaire sillonnée de silex parait si fragile, si friable ainsi exposée au gré de Dame Nature. Le ciel est tourmenté, le vent est extrêmement violent, comme d'habitude ici, et les vagues se jettent avec furie sur ces murailles déchiquetées.
La célèbre Manneporte parait quand à elle enracinée au plus profond de la mer. C'est la plus grande Arche des falaises d'Etretat. Elle a inspirée bien des artistes.

Le panorama côtier est fabuleux, épuré jusqu'à l'horizon. Nous progressons, en bord de falaise, comme suspendus entre Terre et mer, luttant contre les rafales de vents qui nous poussent ou nous entrainent.
Le chant doux et plaintif des trois anges se mêlent au murmure du vent quand nous approchons du donjon de pierre que l'on surnomme la chambre des demoiselles. Je guide Noumie, qui souffre de vertige, jusqu'à la grotte creusée dans la falaise.

Le terrain est accidenté. Ca monte, puis ça redescend, les points de vue s'enchainent. les Arches, les aiguilles, les petites plages de galets se découvrent au fil des pas.

La falaise éléphant trempe sa trompe dans la Manche s'abreuvant sereinement, pas un instant ébranlé par la force du vent. Moi, j'ai bien du mal, chahuté par les rafales de vent, à tenir en place sur mes deux jambes afin de figer l'instant.
L'aiguille creuse, esseulée conserve t'elle toujours le fabuleux trésor des rois de France ?

Le cri des goélands, l'odeur de la marée. Tous nos sens en émoi, nous poursuivons le chemin, quasiment seuls sur le sentier. Nous avons la falaise Aval, rien que pour nous.

Un peu plus loin encore, un trou béant dans la falaise ouvre une fenêtre sur la côte d'Albâtre qui n'en finit pas de s'étendre.

Encore un peu de dénivelée. Le panorama vaut l'effort.

Au fond de valleuses, nous gagnons les petites plages de galets, accessibles via des escaliers abruptes : la plage du Tilleul puis la plage du Cap d'Antifer.

Les vagues poussées par le vent s'abattent sur les galets qui roulent et s'entrechoquent dans une cacophonie majestueuse.

Nous poussons jusqu'au phare du cap Antifer.

Puis regagnons le centre d'Etretat un peu après midi. Tout semble méconnaissable tellement la foule y est dense à cette heure de la journée. Nous sommes bien heureux d'avoir profiter presque exclusivement de la falaise Aval.
Nous grimpons côté Amont par l'escalier qui mène à la chapelle Note Dame de la Garde, du monument et du musée qui rendent hommage aux deux pilotes de l'oiseau Blanc qui tentèrent le vol Paris-New York en 1927, Charles Nungesser et François Coli.

Un peu plus loin, nous descendons le chemin abrupte qui mène au pied de la falaise Amont.



Nous continuons le sentier du littoral en direction de Yport.


Nous terminons notre promenade en nous glissant prudemment sous les falaises, profitant que la marée descend.
Au total nous avons parcouru 23 kms et près de 900m de dénivelée en cette belle journée.

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